Face à la finitude des ressources, comment faire autrement ?

Soumis par agathe.renac le

Rencontre avec Chloé Chupin de la Florentaise, fabricant français de terreaux, d’amendements et de paillages, et de Aurélien Scheer, ingénieur conseil et formateur dans l'éolien​​.

L’aventure Florentaise a commencé dès l’an 2000 ! Retour sur une entreprise familiale à la pointe de l’innovation, sélectionnée en 2022 par le magazine Challenges et le Financial Times parmi les champions du climat français et européens.

“L’entreprise a été créée en 1973 par mon grand-père et était spécialisée, à l’époque, dans l’extraction de sable en Loire, notamment pour la fabrication de béton. Mon père, qui a repris la société quand il avait 22 ans, a rapidement essayé de trouver de nouveaux débouchés, pressentant que l’extraction de sable en Loire allait bientôt être interdite pour des raisons écologiques. Ce qui fut le cas en 1992. Il a alors racheté une tourbière à Saint-Mars-du-Désert (44) en 1986, car sous la tourbe, il y a du sable”

Chloé Chupin, directrice générale de Florentaise.

Chloe Chupin

C’est le début d’une histoire industrielle exceptionnelle où l’entreprise n’a, finalement, jamais obtenu l’autorisation d’exploiter le sable sous la tourbe... Les Chupin sont alors devenus tourbiers et producteurs de terreau.

 

Mais, dès les années 2000, fort de son expérience passée, M. Chupin a cherché des substituts à la tourbe. “Il savait que l’exploitation de la tourbe risquait d’être interdite, comme celle du sable, parce que la tourbe n’est pas une ressource renouvelable. En effet, elle met entre 2 000 et 4 000 ans à se former.” Certains diront que le père visionnaire de Chloé Chupin a eu le nez fin : la dernière autorisation d’exploitationde tourbe à Saint-Mars-du-Désert date de 2009 ! C’est le début d’une histoire industrielle exceptionnelle où l’entreprise n’a, finalement, jamais obtenu l’autorisation d’exploiter le sable sous la tourbe... Les Chupin sont alors devenus tourbiers et producteurs de terreau.

La recherche et développement, clé pour changer de modèle

Dès l’année 2000, Florentaise parvint à remplacer 50 % de la tourbe présente dans le terreau par de la fibre de bois issu de rebuts de scieries, toutes situées à moins de 200 km des usines de production du groupe. Et en 2015, l’entreprise lance une fibre d’écorce, Turbofibre®, à base de matières premières 100 % renouvelables et présentant les mêmes caractéristiques techniques que la tourbe ! Une innovation sans précédent brevetée au niveau mondial. Il faut dire que cette ETI de 300 salariés a toujours investi en matière de R&D :

  • 11 ingénieurs R&D employés
  • plus de 5 millions d’euros investis en 2021.

 

Aujourd’hui, dans le monde, 60% des terreaux sont fabriqués avec de la tourbe importée des pays baltes, de la Sibérie ou du Canada. Mais en 2050, la part des terreaux sans tourbe représentera a priori 72 % du marché*. Le credo de Florentaise ? “40 % de ce que nous faisons aujourd’hui, nous ne le faisions pas il y a cinq ans. À nous d’aller chercher les 40 % de demain, précise Chloé Chupin.

 

Chaque année, certes, nous faisons de la croissance mais nous sommes convaincus par la décarbonation de l’industrie.” Florentaise a, ainsi, baissé ses émissions de CO2 de 32 % depuis 2009, année de son premier bilan carbone, calculé sur les trois scopes. Un réel motif de fierté pour une entreprise engagée dans le développement durable depuis plus de 20 ans !

 

www.florentaise.com/fr

aurelien-scheer

3 questions à Aurélien Scheer, ingénieur conseil et formateur dans l'éolien​​

Cet ancien adhérent GERME est facilitateur de conversations carbone en Bretagne et a créé son activité "Exaeko" en 2019.

Peut-on, encore aujourd’hui, ne pas être engagé sur le chemin de la décarbonation ?


En matière de communication, c’est sûr que non. Maintenant, des entreprises considèrent cette problématique comme secondaire... La décarbonation touche à des enjeux sociaux et économiques complexes, d’autant plus dans une économie mondialisée, avec cette sacro-sainte concurrence qui rebat sans cesse les cartes. Il faut être culotté pour oser changer les règles du jeu !


Faut-il, selon vous, remplacer le PIB par l’impact carbone ?


Il est certain que si c’était le cas, on se poserait les bonnes questions concernant nos comportements et la vie sur Terre. Vous connaissez sûrement ce proverbe amérindien : “Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors on découvrira que l’argent ne se mange pas...”. Cette année, le jour du dépassement, c’était le 28 juillet. En 1970, c’était seulement le 29 décembre ! Pourtant, “l’accès à tout, tout le temps” reste encore la mélodie qu’on entend le plus souvent. Nous devons agir, et j’en prends ma part.

 

Quand vous dites "faire sa part", ce serait en facilitant des “Conversations Carbone” ?


Cette méthode éprouvée depuis plus de 15 ans au Royaume-Uni (six rencontres de deux heures en quatre mois avec dix participants maximum) accompagne les personnes vers un mode de vie plus sobre en carbone.


C’est un espace d’échange où chacun peut reprendre confiance en soi et en sa capacité d’agir face à l’urgence climatique. Parce que c’est compliqué de réduire son empreinte carbone ! Mais je suis intimement persuadé que nous avons les ressorts nécessaires pour nous adapter et faire preuve de créativité.


exaeko.com
carboneetsens.fr/conversations-carbone-en-france/

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