Manager conscient et vivant : quête de sens et reconnexion

Soumis par agathe.renac le

Podcast Manager conscient et vivant : quête de sens et reconnexion

Bienvenue dans ce hors-série audio autour de la "quête de sens et reconnexion". Il fait partie d'une série de 4 épisodes enregistrés pendant le Grand Tour GERME, ici lors de la 2e étape dans le Sud-Ouest.

Nous sommes donc à Toulouse où on retrouve David Rival qui anime avec Anne Sevignon un plateau de podcast avec deux témoins locaux et un intervenant de plénière lors de ce Grand Tour :

  • Marc de La Ménardière, globetrotteur, réalisateur et co-fondateur d’un éco-lieu La Kambrousse
  • David Margueritte, responsable production et qualité chez Abeille Santé
  • Camille Vincent, Responsable de projets R&D chez Osons+

 

A découvrir dans cet épisode :

  • notre rapport à l’autre et notre posture au quotidien
  • la quête de sens qui passe par une (re)connexion à soi, à ses équipes, aux entreprises, aux clients et même à la planète
  • les actions possibles vers un monde plus souhaitable

Le Grand Tour, kézaco ?

C’est un événement qui fédère les membres du réseau GERME en 4 dates dans les 4 coins de la France pour avoir des temps de prises de conscience, d'interrogation sur ses pratiques managériales et d’échange entre pairs d’une même région. Le thème fil rouge de cette mini série de 4 épisodes : “manager conscient, manager vivant”.

[David R.] David Marguerite, vous travaillez chez Ballot-Flurin, une marque d'Abeille Santé. Votre patronne Catherine vous dit souvent “On n’a pas de clients, on n’a que des êtres éclairés”. En quoi le terme de client est inadapté dans ton entreprise ?

[David M.] On considère que faire un acte d’achat d’un produit Ballot-Flurin c’est déjà être éclairé sur les besoins de la Nature et savoir que l’Abeille est respectée depuis toujours dans cette entreprise. Catherine a mis les mains dans une ruche dès ses 6 ans. Elle n’a pas attendu que cela “lui apporte une bonne image marketing", c’est une raison d’être et une vision long-termiste qu'elle a depuis les années 80. À cette période, c'était l'ère des produits faciles à consommer, du bio de masse… Sa vision, c’était déjà de choisir de miser sur des produits informés, vers une consommation locale et authentique, où on passe de l’avoir à l’être.

 

Comment on arrive à écouter ses intuitions pour les prises de décisions ? Dites-nous dans le public.

[Samuel F.] Je pense que c’est important de s’accrocher à ses rêves, même si ce n’est pas du tangible, on doit saisir les opportunités. Par exemple avec deux autres chefs d’entreprise on a créé une association qui s’appelle “Des Racines et des pros”. On récupère des terrains de communauté d’agglomération inexploités, en jachère, et on y plante des arbres financés par des entreprises. Au-delà d'une logique de compensation, cela permet aussi de contribuer à la vivification et à la biosphère.

 

Comment faire quand on a un râleur dans son équipe, David Margueritte ?

Tu prends en considération ce qu’il dit car parfois, il peut t’emmener vers un chemin que tu n’avais pas spécialement envie de suivre au début mais qui se révèle intéressant. À partir du moment où ce “Gérard” peut s’exprimer, sent qu’il fait partie d’un groupe et qu’il est écouté, on a fait ce qu'il faut . Les abeilles par nature par exemple ont la même vision et le sens du collectif. Chacune sait son rôle au sein de la ruche et il évolue au fur et à mesure de la vie de la colonie.

 

Marc, ce serait plus simple si nous humains avions tous le même but ?

Si le but c’est de prendre soin, oui c’est sûr la Terre irait mieux. L’idée du bonheur c’est quand on sert une raison d’être plus grande que soi. J’ai lu récemment une phrase d’Aristote qui disait “L’esclavage c’est servir plus petit que soi, et la liberté c’est servir plus grand que soi.”Quand on sert un but plus noble et de plus juste, il y a plus d’harmonie, plus de lien, plus de soin.

 

David, vous pratiquez l’apiculture dite “douce” chez Abeille-Santé, qu’est-ce que c’est ?

Cela passe par des visites régulières des ruches, observer si la reine est toujours là, s' il y a des naissances… Une ruche ça s’écoute. Ce qu’on fait ici, c’est qu’on essaie de proposer un modèle économique viable en pratiquant une apiculture plus proche de l’abeille, en respectant son cycle et son quotidien.

 

Marc de la Ménardière, vous êtes conférencier et avez réalisé le film “En quête de sens”, que vous inspire cette chanson de Sinsemilia chantée par Tryo et intitulée “Perdre son temps” ?

Ils ont raison parce que c’est important de prendre le temps de contempler, de se rencontrer… C’est l’urgence n°1 aujourd’hui de prendre des pauses de se déconnecter du monde extérieur pour se reconnecter à soi, à ses valeurs, à sa raison d’être. Pour ma part ça a été salvateur. J’ai pu faire un changement radical dans ma vie.

 

Marc, vous nous avez raconté comment vous êtes passé de Danone à New York, à un tiers lieu vers Poitiers. La nature humaine est-elle inconsciente par essence ?

Après des discussions avec des psychologues, il me semble qu’on a 95% de pensées de nature inconsciente, on agit qu’avec 5% de conscience. On a pas conscience de cet iceberg de croyances limitantes, de schémas… Je relis Viktor Frankl qui parle d’inconscient collectif spirituel, une notion intéressante à regarder pour s’affranchir de schémas qui nous rendent malheureux. Prendre conscience de ses actes précédents ou relations qui étaient pilotés par un conditionnement, c’est se sentir soulagé se dire qu’on était à ce moment là “un programme” en pilote automatique et ça permet de se sentir plus soi. C’est ce qui contribue au bonheur et donne du sens.

 

Marc, est-ce qu’on se parle vraiment de nos jours malgré les moyens de communication qui fleurissent ?

En tous cas si on reprend l’étymologie du mot écran, “faire écran” signifie mettre un écran entre soi et la réalité. De fait, on rentre tous moins en lien de nos jours. Les neurones miroirs sont moins stimulés, eux qui servent à l’être humain pour voir qu’autrui souffre, le comprendre et avoir de l’empathie à son égard. C’est ce qui fait notre spécificité mais pourtant les scientifiques alertent sur le fait qu’on baisse en empathie, pour 3 raisons : les écrans interposés le fait de vivre dans les grandes villes, on voit la pauvreté à plus grande échelle ce qui peut conduire le cerveau à couper face à un sentiment d’impuissance notre cerveau n’est pas câblé pour composer avec l’infobésité et le traitement médiatique alarmiste On est des êtres dans le mental mais dans d’autres civilisations, ils ont un autre rapport au mental. Cela a d'ailleurs été prouvé scientifiquement qu’on prend des décisions d’abord avec le cœur avant la tête. 

 

Camille Vincent, responsable de projet R&D, que faites-vous chez Osons+ à Bordeaux ?

Je peux donner l'exemple de Pauline, une cadre dirigeante qui a participé à une de nos formations. Elle est en quête d’outils concrets pour mettre en place une démarche RSE tout en embarquant ses collaborateurs. Pauline a réussi à prendre du temps pour elle, s’inspirer d’acteurs du territoires, initiateurs de changement, qui eux-même ont vécu un déclic. Elle qui se sentait seule avant, elle a pu vivre une connexion au groupe.

 

Est-ce que le sens ça peut être quelque chose d’égoïste, Camille ?

On part du principe que pour transformer un collectif, il faut commencer par une transformation individuelle. Je ne pense pas que ce soit une démarche égoïste puisqu’il s’agit simplement de se reconnecter à soi. Est-ce que ça ne serait pas plutôt une démarche d’écologie personnelle.

 

En quoi c’est important d’être toujours en train de faire quelque chose d'après vous le public ?

On manque d’un sens plus profond, et le fait de se laisser déborder par une activité, on a l’impression de s’accrocher à un sens. C’est une forme de déconnexion de soi et de ce dont on a réellement besoin. 

 

Est-ce quand on voit que tout le monde est débordé, ça ne nous renvoie pas à une normalité rassurante de l’être nous aussi ?

J’allais témoigner d’un arrêt maladie récent dans mon entreprise. Il faut savoir que nous ne sommes que 2 et il ne restait donc plus que 50% de l’effectif. La collaboratrice restante s’est démenée pour prouver qu’elle était en capacité seule de faire tout le travail. Ça a été un combat de lui expliquer qu’on était pas dans un secteur d’urgence type médical où on sauve des vies. C’était intéressant de me voir moi manager chef d’entreprise, expliquer à ma collaboratrice de laisser l’objectif de tout finir de côté pour privilégier sa santé.

 

Camille, qu’est-ce que ça change de se reconnecter à soi ? C’est possible de séparer le pro et le perso dans sa prise de conscience sur ce type d’enjeu écologique ?

Souvent se reconnecter à soi déclenche une prise de conscience. On en a une à différents degrés dans notre vie personnelle, mais on sait aussi que cette prise de conscience ne s'arrête pas aux portes de notre vie professionnelle, on sait qu’il y aura là aussi des impacts. J’aime parler de “projet de vie”pour les personnes qu’on accompagne, pour les considérer comme un tout. Le tout est d'être aligné.

 

Quelle est ta façon de t’aligner Camille ?

J’ai la chance de faire un travail dans lequel je crois. Avant je travaillais dans la finance à l’international et un jour j’ai eu envie de mettre mes compétences au service de quelque chose qui a un impact. C’est un cheminement personnel de savoir qu’est-ce qui nous anime. La tête sait qu'il y a une urgence climatique, mais pourtant on ne passe pas à l’action. Le décalage vient du cœur, du fait qu’on est pas aligné et qu’on ne laisse pas la place assez à ses émotions dans les organisations.

 

Est-ce que l’inaction écologique ne vient pas un peu de notre fainéantise Camille ?

[Camille] Je ne crois pas. C’est à chaque personne de prendre la responsabilité de changer mais à partir du moment où on crée les conditions favorables au changement et on active leur potentiel d’action, comme chez Osons +, il y a plus de probabilité que les choses changent. Cet élan ne vient que quand la tête, le corps et le cœur sont alignés. C’est une vision claire qui aide. On parle de beaucoup au-delà de faire des efforts face à la crise climatique de “renoncer”. Mais c’est aussi faire un choix de vie, on revient au pourquoi et au sens qu’on donne à ce qu’on fait. Renoncer c’est subir. Être acteur c’est choisir.

[Marc] Pour rebondir là-dessus, le peuple des Lakotas me disaient souvent “we don’t trust words, we trust vibrations” soit “on ne croit pas aux mots mais seulement aux vibrations”. Il y a ce que la raison nous fait dire, mais ce à quoi on se fie c’est surtout ce que ton être profond te dit, on le sent. On développe une forme d’acuité.

 

Quels sont les différents niveaux d’écoute justement Camille ?

Dans un des ateliers que j’animais, on parlait de se connecter à soi mais aussi de comment se connecter aux autres. Il faut arriver à identifier dans quel niveau d’écoute on est. On oublie parfois de prendre en compte l’effet de ce que l’autre dit sur nous. Les niveaux d’écoute sont tirés de la théorie U d’Otto Scharmer : le niveau 0 est l’écoute automatique, on recycle dans le sens où on pense en même temps à autre chose, on est dans la superficialité. Il y a un biais de confirmation. le niveau suivant est celui de l’écoute factuelle dans lequel le jugement se suspend, on se fie à notre propre expérience. le niveau suivant est l’écoute empathique où on suspend l’égo où on se connecte à l’autre. Mais cela suppose par contre de ressentir les émotions de l’autre ou en tous cas en susciter d’autres chez nous, y compris des peurs. le niveau d’écoute générative permet d’écouter tout ce que son interlocuteur dégage.

 

Comment les managers peuvent transitionner Marc ?

C’est de penser son entreprise comme un écosystème et de créer même à l’intérieur de l’entreprise des écosystèmes résilients et résistants. Repartir sur la raison d’être et son rôle c’est la clé.

Qui sont les interviewés :

  • Marc de la Ménardière : Globetrotteur, réalisateur et un peu paysan, Marc de la Ménardière est passionné par le lien entre changement intérieur et transition sociétale. Après son expérience de business developper à New York, il débute un voyage autour du monde retranscrit dans son film “En Quête de Sens”. A son retour, il se forme à l’agriculture biologique, collabore avec le monde humanitaire, associatif et médiatique. Persuadé qu’il est urgent de créer des lieux d’émergence et un autre art de vivre, il cofonde l’éco-lieu La Kambrousse, une oasis de régénération à dimension agricole pour les acteurs du changement en quête d’inspiration et d’alignement.

 

  • Camille Vincent : Après 10 ans dans le secteur financier à l'international en tant que chef de projets, Camille Vincent a décidé de s'engager dans un métier de l'économie sociale et solidaire. Coach certifiée et passionnée d'innovation managériale, elle accompagne ,en tant que responsable de projets et développement chez Osons+, les organisations à activer les potentiels de chacun au service du mieux-être et du bien commun.

 

  • David Margueritte : technicien biochimiste, il s’oriente vers la microbiologie et évolue dans l’univers cosmétique/pharmaceutique. Il s’installe  dans le Gers et rejoint Ballot Flurin, une entreprise familiale française pionnière de l’apiculture bio. Enracinée dans son territoire pyrénéen, elle élabore des préparations naturelles d’apithérapie, de cosmétiques et de compléments alimentaires à base de produits de la ruche.

 

  • David Rival : Homme de dialogue et de médiation, David Rival accompagne l’évolution professionnelle en utilisant l’approche systémique. En 2002, il découvre cette approche. Formateur et animateur radio, il crée Impulseur pour animer les événements des entreprises et former pour gagner en efficience relationnelle. Il est intervenant GERME.

 

  • Elle occupe une poste de responsable des programmes aéronautiques sur l’Europe pour PAR Systems, LLC, une société américaine qui fournit les grands noms de l’aéronautique en « machine spéciales intelligentes ». Au quotidien, elle évolue dans la gestion de projets à l’international, un environnement multiculturel.

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