CITÉ CAP 2018 : À la rencontre de 4 compagnons de transformation (Part.1)

Soumis par teclib le
Kim Pasche

Lors de la plénière d’ouverture de Cité Cap, nous sommes toutes et tous invité-e-s à prendre de la hauteur. Ce vendredi matin, à Carcassonne, sont abordés les grandes problématiques de vie et les grands enjeux actuels : retour aux sources, changement climatique, préservation des ressources, alimentation, accroissement de la population, accueil des migrants, innovation, protection des océans, etc. Autant de transformations économiques, sociales et environnementales qui influent sur notre façon de manager. Yannick Roudaut, ancien journaliste économique et financier, nous guide sur ce long chemin de transformation, avec l’aide de quatre précieux témoins dont on se souviendra longtemps. Écoutez-les !

 

1er témoin : Kim Pasche

Danse avec les loups

 

Sur scène, Kim Pasche allume un feu de ses mains comme nos ancêtres. Nous avons tous des i-Phone en poche, mais qui d’entre nous sait allumer un feu avec ses mains ? Par ces gestes, Kim Pasche nous montre à quel point nous sommes fragiles… Puis il nous raconte une belle histoire : une histoire de loups. Trappeur, il vit une grande partie de l’année dans le Grand Nord canadien. Il a grandi avec l’idée que les animaux ont peur du feu. Pourtant, un soir, un loup est venu s’asseoir tout près de lui et du feu, alors qu’il campait avec un ami, à la recherche d’un ancien volcan dans le Yukon. Douze ans après, Kim Pasche revoit encore les flammes danser dans les yeux du loup. Une image sacrée qui l’accompagne.

Pour ce trappeur, le feu symbolise la rencontre. De l’humain et du non-humain. Le feu, c’est le foyer qui réunit, qui permet à l’Homo erectus d’imaginer des mythes fondateurs, de dessiner sur des parois et de parler du monde de l’invisible. C’est à la fois une force et un élément qui rassure (les bougies qu’on allume sur une table).

 

 
« Les Indiens Crows qui vivent dans le centre du Canada ne soufflent jamais sur le feu : pour eux, c’est un gardien, mais c’est aussi un danger. Souffler sur le feu, c’est l’attiser, le rendre plus grand qu’il n’est et tout déséquilibrer : il risque de devenir indompté. »

 

 

Puis vient une autre histoire : Kim Pasche et sa famille ont perdu leur maison, brûlée par les flammes, il y a 14 ans. « Je me suis senti vide, j’avais perdu tous les objets qui avaient fait mon histoire. Mais je m’étais libéré. Le feu a nettoyé ma vie de tous ces objets. On possède des objets, mais les objets nous possèdent aussi ! » Cet incendie l’a poussé à aller vivre dans la nature sauvage, à la façon de nos ancêtres, pour mieux comprendre ses comportements. L’année dernière, second incendie : le feu a ravagé sa concession dans le Yukon, détruisant l’ensemble de ses constructions et de son matériel. Comment fait-il alors, quand il n’est pas dans la forêt, pour s’arrêter, pour trouver un foyer ? Kim le trouve et le cultive à l’intérieur.

Avec sagesse, il conclut son témoignage par cette parole de Jean Cocteau à qui on avait demandé : « Si votre maison brûlait, qu’emporteriez-vous ? » et qui avait répondu : « J’emporterais le feu ! ».

 

ARTICLE RÉDIGÉ PAR CÉCILE ROGER


 

Pour en savoir plus

Arts de vie sauvage, gestes premiers, Kim Pasche et Bernard Bertrand (Éditions de Terran, 2013)

VISIONNEZ LE BEST-OF DE LA PLÉNIÈRE D'OUVERTURE !

 

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