5 vertus des réunions non verbales pour un collectif plus innovant

Soumis par sandrine.besnier le
Maximilien Brabec

Maximilien Brabec, intervenant GERME, praticien en stratégie et innovation et auteur d’ouvrages dont le tout récent Désapprendre pour innover, nous livre dans son article les vertus des réunions non verbales.

 

Nous pensons qu’une réunion doit être réalisée de manière verbale, or rien ne nous empêche de permettre à chacun de s’exprimer par écrit et d’écouter les autres en lisant leurs écrits sur un mur cognitif, notamment en distanciel. En voici les vertus :

 

1 – Nous amplifions le rendement et l’engagement collectif

La communication verbale nécessite que chacun parle à son tour, ce qui bloque l’expression du flot d’idées. La communication par l’écrit est asynchrone : chacun peut donner toutes ses idées ou points de vue sans avoir besoin d’attendre les autres et rebondir sur les écrits des autres. Le rendement est bien meilleur. L’ennui témoigné par certaines réunions distancielles, serait-il dû à attendre que les autres parlent (ennui augmentant avec le nombre de participants) ? Par ailleurs, écrire m’engage plus que parler (des études montrent que demander à un client d’écrire ses réponses à telle question l’engagera plus que de lui poser la question en mode verbal).

 

2 – Nous évitons des travers de l’intelligence collective

Si l’intelligence collective a de nombreuses vertus, elle comporte aussi des travers :

  1. Le premier : tomber dans le biais du conformisme (source : Let your workers rebel). Le mode parlé exacerbe ces travers, à cause de l’effet d’influence : vu ce que vient de dire telle personne, je vais renoncer à sortir mon point de vue ou telle idée. Combien d’idées qui ont surgi dans la tête des gens resteront non-transmises ?
  2. Le second : s’enfermer inconsciemment dans nos Croyances Collectives (source : American Psychological Association). Même si nos idées nous plaisent, elles ne permettent pas de sortir du statu quo.

Mon nouvel ouvrage, Désapprendre pour innover, s’intéresse à endiguer ces travers qui nous donnent l'illusion d'innover (innovation washing) : votre collectif doit désapprendre de ses croyances limitantes pour innover. En attestent la majorité des ruptures stratégiques qui sont introduites par de nouveaux entrants, ainsi que des études récentes qui montrent que certains crédos de l’innovation - Design Thinking, Lean Startup, Stand-up meetings (hackathons...) - ne permettent pas de sortir du statu quo.
Seule la désapprenance de votre existant vous permettra de purger vos filtres de pensées, pour atteindre une réelle posture de nouvel entrant. Des rituels de curiosité individuelle partagée et de dissidence collective sont proposés dans ce sens dans l’ouvrage. Lors de ces rituels, rien de tel pour s’extraire du statu quo, que de permettre à tout un chacun de donner librement, par l’écrit non verbal, des critiques et des contraintes.

 

3 – Nous décuplons notre performance cognitive

Les apports auditifs sont exploités de manière linéaire par notre cerveau, alors que les apports visuels sont exploités de manière parallèle et cognitive, en attestent les vertus du mind mapping visuel.

 

4 – Nous nous écoutons mieux

Notre cerveau ayant un débit plus rapide que les paroles d’une personne, nous ne l’écouterons pas jusqu’au bout… car nous pensons savoir à tort où elle veut en venir. A contrario quand nous sommes amenés à lire les écrits des autres, nous y accédons intégralement à la vitesse de notre cerveau, avant toute interaction de notre part.

 

5 – Autres avantages de l’écrit

- Des études montrent que l’écrit structure la pensée comme nul autre : l’inspiration est donc meilleure. Un des rituels proposés dans l’ouvrage consiste par exemple à faire écrire le roman de science-fiction de notre entreprise dans 20 ans par des auteurs inspirés, ou encore écrire le contraire de l’existant afin de l’expérimenter, rien que pour s’étonner.
- L’écrit garantit de garder la trace de nos apports (Quelle est la proportion des apports verbaux qui ont disparu dans le compte rendu ?).
- L’écrit apporte une lisibilité de là-où-on-est-rendu-dans-le-parcours. 

 

Favoriser les phases silencieuses pendant vos réunions vous permettra d’en faire moins, mais nettement plus productives. Une étude (source : Collaborative overload) soutient que surcharger le collaboratif vous fait rentrer dans le côté obscur de la force collective : le désengagement.
En conclusion, désapprendre de nos filtres de pensées est le moteur de l'inspiration : la créativité n’est que l’expiration de nos cerveaux. Il faut d’abord donner du temps de désapprenance au collectif, ce qui est l’objet de l’ouvrage : « Tout acte de création est d'abord un acte de destruction », P. Picasso. 
Par ailleurs les innovateurs sont ceux qui se donnent du temps pour revenir aux principes fondamentaux : trop d’idées nous mènent dans un ragout d’idées et trop de projets d’innovation nous piège dans l’innovation wishing qui désengage.
Pour réellement innover, il faut donc passer d’une extrême à l’autre depuis :
- la désapprenance qui nous ouvre,
- jusqu’à l’engagement concentré à rechercher le meilleur (« less is more », faire moins de choses mieux pour obtenir plus de résultats).
L’ouvrage développe comment réussir le passage depuis "l’open invention" jusqu’au "focus innovation".

 

En savoir plus : https://www.editionsmardaga.com/products/desapprendre-pour-innover?_pos…;

 

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