Le travail, source de joie ?

Soumis par agathe.renac le

Qui me parle ?

Bernard BENATTAR est psychosociologue et philosophe du travail. Il est aussi intervenant GERME.

Le travail, source de joie ?

     Bernard Benattar est psychosociologue et philosophe du travail. Il conçoit et accompagne un « penser ensemble » coopératif et ressourçant, permettant aux équipes de (re)construire leur raison d’être. Intervenant GERME, il nous livre aujourd’hui ses réflexions sur la joie au travail.

« La joie est le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection » – Spinoza

Lors d’un débat en Ehpad que j’animais, une résidente avait dit aux soignants médusés : « Moi, j’ai besoin de votre joie le matin pour me lever du bon pied, le soir pour calmer mes angoisses, et je paye pour ça ! ». Oui, on la comprend, la joie est contagieuse et tellement nécessaire à notre vitalité, mais tout comme le bonheur ou le bien-être, elle ne peut être commandée. Je pense aussi à cette opératrice dans une usine de fabrication de harnais électriques pour les avions qui m’avait dit, les yeux pétillants, en me montrant un harnais achevé : « Regarde, Bernard, comme c’est beau ! ». J’avais naïvement rapporté ce propos au directeur d’usine qui m’avait répondu, en haussant les épaules : « On ne veut pas que ce soit beau mais conforme ! ».

Le beau, le juste, le vrai, le bien, en voilà des valeurs qui nous mettent en joie lors- qu’on parvient à les concilier avec l’utile ! Ce qui me vient à l’esprit, ce sont alors tous ces « rabat-joie » dans les organisations : l’hyper spécialisation, qui enferme chacun dans sa tâche en le privant du sens de sa contribution au résultat final, les règles trop nombreuses aux dépens des valeurs, le contrôle obsédant, l’industrialisation des process qui uniformise l’action à outrance, l’évaluation permanente qui disqualifie l’imprévisible... Alors, si la joie est par trop intime pour qu’on prétende en faire une politique, je me demande si, tout au moins, on ne pourrait simplement pas lui laisser un peu plus de place : moins de rationalisation pour plus d’enthousiasme, moins de conformité pour plus d’imagination créatrice, moins de contrôle pour plus de responsabilité et de confiance, moins de rôles définis pour plus de coopération, moins de sédentarité pour un corps en mouvement, moins de sérieux pour davantage de rires. Sans oublier, faut-il le dire, le sens de la fête !

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